Pour faire le portrait d'une fleur, 2022

2022

Pour faire le portrait d'une fleur

Mettre en évidence, questionner l’évidence, et sengager sur le chemin dune quête sans autre but quelle-même, celui de la création.

Tenter de retrouver limmédiateté du geste créatif, né pour Jordan Beal dun paradoxe qui lui est propre, la frustration causée par limpossibilité de la page blanche dans le processus photographique. 

Puis faire son deuil de lex nihilo, se résoudre à envisager et capturer lexistant, (pourquoi pas une simple fleur bleue?), le soumettre à divers mauvais traitements techniques, laltérer, le dénaturer, et, le cas échéant, appeler en renfort les éléments, la terre, leau, pour accélérer le processus daltération et de décomposition. 

Devenir le maître du temps et élargir le cadre.

Véronique Réunif

Tithonia 2, 2022


Primat, 2021

2021

Primat

La série de photographies Primat propose une vision ambivalente de l’ocytocine en tant qu’hormone qui dirige nos rapports sociaux. Jordan Beal dévoile un panorama de clichés intimes, allant de couples qui s’échangent un baiser, cernés par des corps nus, jusqu’à l’image d’un ventre marqué par la grossesse. Le dispositif d’accrochage suggère une narration impersonnelle comme étant celle d’une espèce entière et non de quelques individus. Pourtant, les photographies, si on les considère séparément, sont à l’évidence une intrusion dans l’intimité des personnes.

Le photographe s’immisce entre ces couples qu’il met en scène dans son studio. Il se rapproche au plus près d’eux, si bien que son regard dépasse ce qui est visible ou se donne à voir. C’est peut-être l’ocytocine elle-même qu’il cherche à capturer pour la disséquer. Cette posture semble pourtant construire son mythe, et on ressent que quelque chose d’invisible se joue.

Les corps qui encadrent les couples naviguent entre sensualité et monstruosité. La lumière les déforme, les déshumanise et ne laisse transparaître presqu’aucune identité. Il ne reste que leur essence première : susciter le désir, peut-être à outrance. Le ventre, lui, propose une esthétique opposée. Loin d’être lisse ou impersonnel, C’est sa surface froissée et distendue qui est mise en avant. Mis à distance des autres photographies, le ventre devient sujet et ponctue la narration.

À travers cette série, Jordan Beal dévoile un mystère sur les relations amoureuses. Il noue des interrogations et perturbe notre jugement.
Sommes-nous piégés par nos instincts ou maîtres de nos désirs?

Pauline Bonnet


Non-Lieux, 2019-2021

2019 - 2021

Non-Lieux

“Il y a des portes qui sont fermées, et chaque humain en cherche les clés.”

C’est avec ces mots de Christian Boltanski que la découverte de la série de photographies “Non-Lieux”, de Dan Beal, devrait commencer. Ou finir.

L’idée première tient d’un paradoxe absurde : le non-lieu n’existe pas et, pourtant, il représente quelque-chose. Il est un espace devant lequel ou dans lequel on passe, sans s’attarder, sans prêter attention ; un espace que l’on fuit ; un espace qui a perdu de son essence ou de son principe – un espace en négatif, en quelque sorte.

Dan Beal nous propose une déambulation de portes closes en portes closes, un parcours tout au long de, comme il le dit lui- même, “la richesse étrange des centres-bourgs” de la Martinique.

Dan Beal surimpose les matières et les âges des portes qu’il rencontre lors de ses errances artistiques. Une manière, nous dit-il, de se réappropprier l’environnement urbain de l’île. Une manière, sûrement, d’en faire aussi jaillir autre chose, un mystère qu’on ne pourrait percevoir sans s’être arrêté. Un mystère, ou bien une clé.

Michael Roch


Blue, 2018

2018

Blue

La série Blue de Jordan Beal met à jour des scènes de la vie quotidienne d’une mère de famille, Murielle Bedot, monoparentale avec 4 enfants. Elle est mère, danseuse et chorégraphe de profession. Elle est aussi femme.

Le photographe emmène le visiteur dans la maison et la sphère intime de Murielle. Se déclinent alors différents moments de la vie familiale : la préparation du repas, le brossage de dents avant d’aller au lit, le temps calme, etc. Tous ces moments si familiers sont saisis, capturés par l’instantané de l’image, leur conférant une dimension à la fois théâtrale et authentique. Jordan Beal amène le visiteur vers une réalité indicible bâtie à partir d’un quotidien bien réel. Elle se lave les dents, ils regardent la télé, elle est assise sur son lit : toutes ces actions pourtant banales s’offrent aux visiteurs comme des apparitions spectrales accentuées par la lueur bleutée.

Par un traitement cinématographique de l’image, Dan Beal compose le récit d’une vie en usant de différentes perspectives, structurées par les points de vue en contre-plongée et plongée. Le scénario est interprété par les protagonistes et les visiteurs sont invités, en tant que spectateurs, à pénétrer l’intimité de cette famille.

Eline Gourgues


Duo, bijoux singuliers - 2019

2019

Duo, bijoux singuliers

Projet Bijoux singulier, Portraits singuliers avec Veronique Réunif, créatrice de bijoux contemporains

Paru dans l’édition spéciale du magazine « Autor – contemporary jewelry magazine »